Mascarade Bulgare
Été 2018, je découvre la tradition ancestrale du carnaval masqué en Bulgarie, un moment fascinant où la frontière entre le monde des vivants et celui des esprits s’efface.
À partir de 2019, je commence à parcourir le pays accompagné d’un journaliste local, pour rencontrer celles et ceux qui préservent cette pratique séculaire, une véritable incarnation du folklore bulgare. Les origines de ce rituel remontent à des temps immémoriaux. Dans un contexte rural marqué par les incertitudes climatiques et la dureté des hivers, et où les paysans redoutaient la fin des saisons, le carnaval masqué surgissait comme un moyen de combattre l’invisible. À travers des costumes effrayants, les villageois se métamorphosaient en créatures démoniaques, des figures mythologiques chargées de repousser les mauvais esprits et de garantir la renaissance de la nature. Ces costumes étaient des messagers, des médiateurs entre le monde des hommes et celui des forces invisibles, afin de s’assurer que les récoltes seraient abondantes et que la vie triompherait sur la mort. Mais au-delà de sa dimension agricole et mystique, la mascarade est également un puissant rituel de cohésion sociale. Pendant ces moments d’intenses représentations, la communauté se rassemble, brise les hiérarchies sociales et engage un «lâchage» libérateur où l’imaginaire s’empare de l’espace public.
C’est dans cette dimension sacrée et communautaire que réside la force de ce folklore, une pratique où l’imaginaire prend vie pour préserver l’équilibre du monde.